Lalana de Michèle Rakotoson

Naivo et son ami, Rivo, dévoré par le sida, fuient Antananarivo et sa misère pour offrir au mourant la mer… celle qui lui permettra de retrouver ses ancêtres dans la paix. Un voyage terrible, qui traverse l’île de Madagascar, écorchant au passage l’image idyllique que l’on pourrait s’en faire !

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Description

Critique à venir

EXEMPLAIRES D’OCCASION

Incipit : « On ne peut marcher vite à Antananarivo. Il y a cette pesanteur de l’air, cette chaleur qui englue tout et rend les gestes lourds. Il y a cette odeur permanente de gaz délétères, cette odeur acide qui entre dans les poumons, qui envahit les muscles, il y a cette poussière rouge, noircie par les gaz d’échappement et la suffocation permanente de cette ville si haut perchée, si sèche.
On étouffe à Tana, quand il fait chaud.

Mais il n’y fait pas toujours chaud. Ni sec. Il y a aussi les saisons des pluies – tous les ans – les cyclones, les inondations, les chaussées qui s’effondrent, les maisons qui tombent, s’affaissant sur elles-mêmes, comme un tas de boue ravivée par l’eau qui s’infiltre partout, court partout, à la recherche des égouts bouchés depuis longtemps.

On suffoque à Tana, dans la moiteur de la vapeur d’eau qui monte du sol assoiffé,incapable de retenir les milliers de litres d’eau qui se déversent en quelques mois, laissant la terre encore plus aride, entraînant l’humus vers le fleuve Betsiboka et la mer là-bas à Mahajanga, rouge, si rouge, de toute cette chair qu’elle a arrachée à la terre brûlée pendant tant et tant de décennies, une mer vermillon, carmin, épaisse, lourde elle aussi, aussi lourde qu’une femme enceinte d’un enfant mort-né.

On ne peut marcher vite à Antananarivo ; la puanteur de l’air impose l’inertie du corps. Et pourtant Naivo court presque, il court dans ce soleil qui explose les couleurs, réverbère la lumière, diffracte les nuances et les formes, fondant tout dans une espèce de halo qui déforme les perspectives. La saison des pluies n’est pas arrivée. Pas encore. Heureusement. La réverbération de l’air colore le ciel d’un bleu qui arrive à percer la gangue de gaz d’échappement.

Il a l’impression de courir depuis des heures, Naivo. Il étouffe, suffoque, son cœur bat la chamade, cette chaleur moite est insupportable.

Au moins nous n’avons pas le choléra, se dit-il in petto, pas de boue, pas d’eau stagnante, pas de déjections, en tout cas, pas encore. »

Éditeur ‏ : ‎ L’Aube (26 septembre 2002)

 

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