HISTOIRE
Au niveau scolaire, l’histoire pré-coloniale de Madagascar est enseignée au collège, en classe de seconde et de cinquième, sur la Grande Île (1).
Nulle part ailleurs en francophonie.
Vous avez grandi outre-mer ? Alors le flou quasi-mystique dans lequel vous êtes (peut-être) est naturel, au sujet des origines de Madagascar en tant que peuple, puis en tant que nation.
Et pourtant. Pourtant les jalons de cette histoire sont aussi faciles à retenir que tout autre pivot de l'histoire de n'importe quel autre pays. Ces jalons répondent aux trois questions que l'on se pose spontanément.
(1) source : RAKOTONANAHARY Adrien « Analyse comparative des programmes scolaires d'Histoire du premier et second cycles du secondaire à Madagascar », 2015
La réponse est sans équivoque : on aimerait le savoir.
Les Vazimba, chasseurs-cueilleurs habitant les forêts centrales, premiers habitants de l’Île et ancêtres de tous les Malgaches, sont un mythe pour certains chercheurs, faute de trace écrite ou paléographique.
D’autres historiens prennent au sérieux les témoignages oraux transmis de génération en génération.
Sujet passionnant qui mérite qu'on s'y attarde… mais parlons pour l'heure des vagues de primo-arrivants qui auraient contraint les Vazimbas à se terrer loin de la civilisation malgache naissante.
Jusqu’à récemment, on situait l’arrivée de premiers navigateurs, appelés Proto-Malgaches, entre le huitième et le quinzième siècle de notre ère, c'est-à-dire juste entre Charlemagne et la Haute Renaissance. On les supposait Austronésiens, venus d’Indonésie, des Philippines et de Malaisie.
Les spécialistes fondaient cette histoire sur la diversité anthropologique et linguistique actuelle des Malgaches et l’état des connaissances des peuples d’émigration, en particulier venus de Bornéo.
En 2018, des traces de boucherie sur des oiseaux endémiques ont fait dater les premiers peuplements au onzième siècle avant notre ère, au début de l'âge du fer et la naissance des premières villes en Europe.
D’autres vagues d’immigration s’effectuent à partir de l’Afrique, de l’Indonésie et des pays arabes, apportant l’islam.
On situe au douzième siècle après JC l’arrivée des premiers commerçants, pirates et négriers, venus d’Afrique, puis d’Europe. Installés dans le nord-ouest, ils sont à l’origine des échanges entre Madagascar et l’extérieur.
L'HISTOIRE DE MADAGASCAR DANS LA LITTÉRATURE
Les Portugais de Diego Diaz sont les premiers Occidentaux à découvrir Madagascar en 1500, suivis par les Anglais et les Hollandais. Tous échoueront à s’implanter durablement.
Un siècle plus tard, les Français proclament leur souveraineté sur Madagascar en occupant Sainte-Luce et Fort-Dauphin à partir de 1642. Trente aux plus tard, l’hostilité violente des Antanosy contre les Français (en raison de leur comportement esclavagiste) pousseront ces derniers à se replier sur l’île de Bourbon.
Jusqu’au XIXème siècle, il n’y aura guère plus que les pirates anglais et français pour s’établir sur les côtes malgaches et razzier dans tout l’Océan indien.
Dans le même intervalle, les premiers royaumes malgaches, se constituent, s’affrontent, établissent des alliances.
Quatre groupes principaux se détachent en termes de puissance : les Sakalava (côte ouest), les Betsimisaraka (côte est), les Betsileo (sud des terres centrales) et les Merina (au centre).
À partir de 1787, le roi merina Andrianampoinimerina se lance dans une entreprise de construction d’une nation. Il instaure des réformes agraires et sociales qui assurent la prospérité de son royaume et assoient son pouvoir sur la majorité de l’île, alors que les missionnaires anglais et français se disputent l’âme de ses sujets en les convertissant respectivement au protestantisme et au catholicisme.
À partir de 1810, à la mort d’Andrianampoinimerina, son fils Radama Ier modernise le pays et entreprend de l’unifier, par la violence lorsque nécessaire. Les Occidentaux sont à nouveau les bienvenus, en particulier les Anglais.
Ces derniers avaient fourni au roi malgache, en échange de l’abolition de l’esclavage, les moyens militaires pour conquérir les derniers royaumes rétifs. Les Anglais le proclament roi de Madagascar.
A sa mort, son épouse Ranavalona Ière refuse la christianisation galopante de ses sujets et ferme l’Île aux étrangers tout en persécutant les Malgaches convertis.
En ouvrant à nouveau les frontières, son fils, Radama II attise la rivalité religieuse et politique entre Français et Anglais. Les intrigants de la cour l’en punissent par un assassinat.
Trois reines se succèdent entre 1863 et 1897, épousées l’une après l’autre par le premier ministre Rainilaiarivony.
Ce dernier accélère l’occidentalisation du pays avec l’aide des Français et des Anglais en échange d’avantages commerciaux. Les accords favorisent l’ouverture d’un hôpital moderne, d’une école de médecine, le lancement des premiers journaux malgaches et l’établissement de nombreuses écoles protestantes.
En 1868, Rainilaiarivony promulgue un code de 101 articles, complété en 1881 par un code de 305 articles qui visent, entre autres innovations juridiques, à abolir sur les Hauts-Plateaux l’ordalie du tanguin, à supprimer la polygamie, à instituer le divorce et l’état civil.
Cette modernisation s’accompagne de difficultés techniques et budgétaires à administrer les provinces lointaines.
Bureaucratie, corruption et corvées imposées à la population malgache fragilisent le royaume au moment où Jules Ferry instaure le Protectorat en 1882. Ce système, qui mérite à lui seul un article complet, conserve les institutions malgaches en l'état et laisse une autonomie toute théorique aux autorités centralisées dans les Hautes-terres.
À peine un an plus tard, Jules Ferry se résoudra à s'emparer de l'île par les armes.
Il s'est donc écoulé près de 1 800 ans entre les premiers peuplements attestés par les dernières découvertes archéologiques et la colonisation française. Cette période inégalement documentée est marquée par des temps forts aisément repérables :
Durant ces phases successives, la société malgache s'est formée sur des coutumes et des valeurs communes, au-delà de la diversité des ethnies et des dialectes.