Dans l’article Madagascar avant la colonisation, nous avons rappelé les origines et les premiers éléments connus de l’histoire de l’île de Madagascar. Nous avons conclu sur un moment décisif : la fin du protectorat en 1883. Cette fin ouvre une ère nouvelle, celle de la colonisation française. Voici les points essentiels à retenir :

  • 1885 : fin du protectorat et début de la colonisation
  • 1895 : expédition militaire dirigée par le général Duchesne
  • 1896 : réformes et pacification sous Joseph Gallieni

1885 : fin du protectorat et début de la colonisation de Madagascar

Dans les années 1880, Madagascar et la France voient leurs relations évoluer rapidement. Entre accords fragiles et tensions croissantes, l’île tente de se moderniser tout en luttant pour son indépendance. Les compromis cèdent progressivement la place au conflit ouvert.

1885 : Le traité de paix

En décembre 1885, la France signe un traité avec le royaume Merina, représenté par le Premier ministre Rainilaiarivony. Ce traité fait suite au bombardement de plusieurs ports malgaches par les forces françaises, notamment Tamatave. Il impose à Madagascar une indemnité importante et cède le port stratégique de Diego-Suarez à la France. Le texte est ambigu sur la souveraineté du royaume, créant une situation où Madagascar est officiellement indépendant, mais sous une domination française de plus en plus marquée.

Les premières escarmouches

Après la signature du traité, les tensions persistent. La France renforce sa présence militaire à Diego-Suarez et tente de s’étendre dans d’autres zones côtières. De petites escarmouches éclatent entre les forces malgaches et les troupes françaises dans les régions occupées. Ces confrontations sont des réactions à la montée en puissance de la présence française, qui cherche à asseoir son contrôle sans déclencher de guerre ouverte.

L’Intensification de l’influence française

Entre 1886 et 1894, la France étend son emprise sur Madagascar. Elle occupe Majunga et d’autres points stratégiques, consolidant son contrôle militaire et diplomatique. Le 5 août 1890, la France et le Royaume-Uni signent une convention qui établit un accord réciproque : en échange de la reconnaissance par la France du protectorat britannique sur Zanzibar, le Royaume-Uni reconnaît le protectorat français sur Madagascar. Cette convention lance les préparatifs en France pour une prise de contrôle plus complète, alors que Rainilaiarivony tente de moderniser l’administration et l’armée pour renforcer le royaume.

Photographie de la reine Ranavalona III prise en 1890 à Antananarivo
La reine Ranavalona III à Antananarivo en 1890

1895 : la seconde expédition et l’annexion

En 1895, la France répond aux pressions du parti colonial et aux appels à l’annexion et lance une seconde expédition militaire pour prendre le contrôle total de Madagascar. La France . Sous le commandement du général Duchesne, les forces françaises débarquent à Majunga et avancent rapidement vers Tananarive. En septembre 1895, elles s’emparent de la capitale,ce qui marque l’établissement d’un protectorat officiel. Cette campagne militaire brutale impose la domination française sur l’île, malgré la résistance malgache.

Bilan de la décennie précédente

De 1885 à 1895, la présence française à Madagascar s’est progressivement renforcée. Les efforts de modernisation du royaume Merina et les tentatives de préserver une certaine autonomie n’ont pas contenu l’expansion coloniale. Bénéficiant d’une reconnaissance internationale de son autorité, la France finit par annexer officiellement l’île en 1896. Madagascar est ainsi colonie française.

1895 : expédition militaire dirigée par le général Duchesne

La campagne de 1895, dirigée par le général Duchesne, représente un moment clé dans l’histoire coloniale de Madagascar. Le débarquement à Majunga, suivi de la prise de Tananarive, marque une victoire décisive pour les forces françaises. Cette expédition provoque de lourdes pertes humaines, des déplacements forcés de populations, ainsi que des perturbations économiques et sociales majeures. En imposant un protectorat, la France met en place une administration coloniale qui marginalise les aspirations du peuple malgache.

1896 et la colonisation de Madagascar en œuvre

En 1896, Joseph Gallieni est nommé gouverneur général de Madagascar. Il instaure des réformes visant à consolider le contrôle français, mais ces réformes s’accompagnent d’une répression féroce contre les résistances locales. Gallieni applique la stratégie de la « tache d’huile », étendant progressivement l’autorité coloniale à travers des campagnes militaires violentes. L’administration coloniale écrase les révoltes sans pitié. Ces actions provoquent une désorganisation profonde de la société malgache, marquée par des pertes humaines et culturelles considérables.

La pacification et ses conséquences

La pacification de Madagascar, débutée sous Gallieni, se poursuit jusqu’au début du XXe siècle. Ce processus repose sur la soumission par la force et l’élimination de toute forme de résistance. Les droits des populations locales sont systématiquement bafoués, avec des exécutions sommaires et des actes de cruauté largement répandus. Cette période de violence laisse des cicatrices profondes dans la mémoire collective malgache. La pacification de Madagascar s’inscrit dans un contexte plus large de répression coloniale française, également observée en Afrique et en Indochine.

Aperçus de la décolonisation

Après la Seconde Guerre mondiale, la France fait face à des mouvements nationalistes dans ses colonies, notamment en Afrique. La guerre d’Algérie (1954-1962) devient le symbole des luttes pour l’indépendance et marque la fin de l’empire colonial français en Afrique du Nord. Madagascar obtient son indépendance en 1960. L’héritage de la colonisation reste néanmoins visible dans de nombreux aspects de la société malgache. Les divisions sociales et économiques créées sous la domination française perdurent, laissant au pays des défis complexes à relever.

Résumé de la colonisation de Madagascar par la France

La colonisation de Madagascar par la France aura duré onze ans. Elle commence réellement en 1895, lorsque la France lance une expédition militaire dirigée par le général Duchesne. En septembre 1895, les forces françaises prennent Tananarive, la capitale du royaume Merina. Cette victoire permet à la France d’établir un protectorat sur l’île. En 1896, l’empire français annexe officiellement Madagascar.

Après l’annexion, Joseph Gallieni est nommé gouverneur de Madagascar. Dès son arrivée, il met en place des réformes pour consolider le contrôle colonial, mais ces réformes s’accompagnent d’une répression violente contre les mouvements de résistance. La révolte des Menalamba, qui débute en 1895 et se poursuit jusqu’en 1897. Les troupes coloniales brise les insurgés dans le sang. Cette période de transition, marquée par la violence et la résistance, laisse des traces profondes dans l’histoire de Madagascar et ses relations avec la France.

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